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Avez-vous besoin d’une détox… relationnelle ?

 

L’être humain est un animal social. Nous avons besoin d’un groupe, et d’avoir des relations au sein de celui-ci. Pour autant, sont-elles toutes bonnes à prendre ou à alimenter ? Évidemment non. Chacun(e) connaît, dans son entourage, des relations désagréables, voire toxiques. Alors, puisque c’est le printemps et que cette période est propice à la détox organique, pourquoi ne pas appliquer ce principe aux relations qui nous empoisonnent la vie ?

 

 

Être ou ne pas être… en relation

 

Les études qui démontrent notre besoin de sociabilité1 (certes à des degrés divers, en fonction des personnalités) sont nombreuses. Elles mettent en évidence qu’une vie sociale satisfaisante a des répercussions favorables sur notre humeur, notre physiologie ou encore notre sommeil. A contrario, la solitude prolongée2 nous est préjudiciable, au point, par exemple, d’augmenter jusqu’à 50 % le risque de mort prématurée.

 

Donc, nous avons besoin de relations. Idéalement, elles sont source d’agrément. On a envie d’ami(e)s avec qui passer de bons moments, quelques fois à qui se confier. De proches qui nous soutiennent et avec lesquels on partage une certaine vision de la vie. Qui irait spontanément vers une personne dont on sait qu’elle va nous « pourrir » ? Et pourtant.

 

Certaines relations peuvent se révéler source de souffrance. On n’y entre rarement de façon délibérée : elles évoluent au fur et à mesure en un processus toxique, psychiquement autant que physiquement. Et celles et ceux qui en sont l’objet n’arrivent pas toujours à s’en extraire, quitte à mettre leur santé en péril.

 

 

Les relations, parties intégrantes d’une approche holistique de la santé

 

De plus en plus de gens sont prêts à modifier leurs habitudes de vie pour améliorer leur santé ou l’entretenir. Faire une détox printanière, manger plus sainement, mener une activité physique régulière, ou encore vivre dans un milieu plus en phase avec ses besoins de nature : ce sont autant d’actions pour se sentir mieux avec soi-même, avec les autres et avec cet environnement dont il est tant question actuellement.

 

Mais dans le grand puzzle de la santé holistique, une pièce est souvent négligée : celle des mauvaises relations. Elles ont pourtant un impact considérable ! Mieux manger et s’installer dans un environnement plus sain est louable et profitable, mais insuffisant. Car si l’on se maintient dans des relations qui ne génèrent que stress et souffrance, cela peut annuler tous les bénéfices des actions mises en place pour « vivre mieux ».

 

À l’inverse, les relations gratifiantes sont une très bonne chose en matière de santé. Elles augmentent l’espérance de vie et protègent notamment le cerveau et le cœur, en plus de bien d’autres bienfaits. On essayera donc toujours de passer du temps en priorité avec des personnes plaisantes et de limiter autant que faire se peut celles qui le sont moins.

 

 

Relations toxiques : quand les émotions impactent la biologie

 

Les relations créant de la souffrance sont, le plus souvent, des relations « tout simplement » conflictuelles. Déclarés ou larvés, les conflits déclenchent des états de tension, d’appréhension, d’insécurité, de vigilance constante… aux conséquences psychologiques et physiologiques3 très concrètes :

 

  • Décharge d’adrénaline et de noradrénaline ;
  • Accélération du rythme cardiaque, augmentation de la tension artérielle ;
  • Blocage de la digestion au profit de la fonction musculaire ;
  • Libération de glucocorticoïdes (dont le cortisol) pro-inflammatoires ;
  • Acidification ;
  • Épuisement et affaiblissement des défenses immunitaires ;
  • Anxiété, perte de confiance en soi ;
  • Dépression, burn-out

 

La Whitehall II Study s’est attachée à comprendre les effets sur la santé de l’iniquité4 dans les mauvaises relations, qu’elles soient professionnelles, familiales ou autres. Elle a montré que ce facteur était prédictif d’une augmentation du risque cardio-vasculaire, indépendamment d’autres critères, et qu’il était par ailleurs associé à une altération globale des mécanismes psychiques, biologiques et comportementaux.

 

D’autres recherches ont confirmé que des relations conflictuelles prolongées nuisaient à l’estime de soi (et pouvaient même mener au suicide). Corporellement, elles conduisaient notamment à l’obésité. Dans le cadre d’une relation de couple, on s’est même aperçu que lorsque des sentiments négatifs comme la colère ou le ressentiment s’installent, les partenaires vivaient moins longtemps.

 

 

Idéalisation, quand tu nous tiens

 

Avez-vous remarqué que nous avons quelques fois tendance à idéaliser certaines personnes, parfois jusqu’à un point déraisonnable ? C’est dans le cadre de la relation amoureuse que c’est le plus flagrant, et que cela peut piéger le plus… On ne dit pas pour rien que l’amour rend aveugle.

 

La recherche du partenaire idéal, ce « Graal » enraciné dans notre culture et notre inconscient, est l’un des ressorts de l’idéalisation. Cette tendance n’est malheureusement pas sans conséquence, car elle obscurcit les voyants qui clignotent pour prévenir que le tableau n’est pas si idyllique qu’il y paraît… ou qu’on le souhaiterait. Et généralement, tout le monde les voit, sauf le(la) principal(e) intéressé(e) !

 

Pour éviter les déconvenues, efforçons-nous toujours de prendre les autres pour ce qu’ils sont. Difficile ? Pas forcément, car ce que quelqu’un dit ou fait parle d’abord de lui. Il suffit alors de ne pas filtrer, de ne pas occulter ce qui nous déplairait. D’observer la personne dans sa complétude plutôt que de rêver autrui tel qu’on voudrait qu’il/elle soit par rapport à nos attentes.

 

 

Quels sont les signes d’une relation néfaste ?

 

Personne n’est parfait, nous avons tous nos bons et nos mauvais moments. Mais, quand une relation procure constamment plus de désagréments que de satisfactions, il faut s’interroger sur l’opportunité de la maintenir en l’état. Voici quelques indices d’une relation potentiellement malsaine :

 

  • Elle vous fait des nœuds à l’estomac, vous donne des sueurs froides ;
  • Elle vous laisse vidé(e) de votre énergie ;
  • Elle ne vous permet pas d’être vous-mêmes ;
  • Elle vous coûte plus qu’elle ne vous apporte, sur quelque plan que ce soit (intégrité, affect, argent…).

 

Si ces éléments ne sont réunis qu’à l’occasion du rassemblement familial annuel vous obligeant à côtoyer ce/cette cousin(e) si doué(e) pour vous exaspérer, ce n’est pas bien grave. Il n’en restera pas séquelle le surlendemain. Mais si cette personne est votre collègue de travail, votre conjoint(e), un enfant ou un parent, c’est une toute autre histoire.

 

 

Les antidotes à une relation toxique

 

Si vous êtes « pris » dans une relation malsaine dont vous sentez bien qu’elle a des répercussions défavorables sur votre moral ou votre santé, réagissez ! Ménagez-vous tout d’abord des « sas de décompression ».

 

  • Le stress chronique engendré par une relation toxique provoque la sécrétion de substances qui abîment le système cardio-vasculaire. Il est alors profitable de s’isoler pour pratiquer la respiration consciente et calmer le cœur.

 

  • L’activité physique est un excellent exutoire aux relations toxiques, et permet de remonter l’estime de soi. Elle produit également de puissants anti-inflammatoires, stimule l’immunité et tonifie le système cardio-vasculaire.

 

  • Vous vous sentez vraiment très mal ? Pas de demi-mesure ici : faites-vous aider par un(e) professionnel(le) ou une cellule d’aide spécialisée.

Comment sortir d’une relation pernicieuse ?

 

Souvent, une relation tourne mal de manière insidieuse et progressive. D’autant qu’on s’y adapte au fur et à mesure, sans possibilité réelle de recul et de prise de conscience de la situation. Cependant, un déclic finit toujours par se produire ; dès lors, il existe des moyens de se protéger.

 

  • Mettre fin à la relation. Si elle n’est pas vitale pour votre vie professionnelle, sociale ou familiale, quittez cette relation de façon neutre et le plus pacifiquement possible (sans chercher à faire une sortie triomphante du type « c’est moi qui aurais le dernier mot »). Entrer en conflit, c’est aussi maintenir une relation vivante.
  • Dresser des barrières. Une relation « part en sucette » plus souvent qu’à son tour… de notre propre faute ! Mais quelle est-elle ? Il s’agit souvent d’une absence de délimitations, posées d’entrée de jeu, quant à ce que nous sommes prêts à accepter, aussi bien affectivement qu’en matière de charge de travail, par exemple. Le « non » est un mot qu’il faut absolument apprendre à manier, pour sa propre sauvegarde.
  • Être plus malin que l’autre. De nombreuses personnes adorent manipuler leurs prochains et s’y entendent pour prendre les autres au piège de leurs propres qualités, qu’il s’agisse de gentillesse, d’empathie, d’altruisme ou de spontanéité. Méfiez-vous, par exemple, des flatteurs excessifs, des gens qui posent sans cesse des questions, de ceux qui rendent des services que vous n’avez pas demandés – cette dernière caractéristique étant une manière d’utiliser les règles sociales de politesse ou de réciprocité à leur avantage, pour se maintenir dans votre orbite. Car le don appelle le contre-don, c’est-à-dire une forme de dette à leur endroit. Souvent, pourtant, rien ne vous oblige formellement à répondre à leurs sollicitations d’attention ou de confidence. Quand, néanmoins, il le faut, utilisez leurs subterfuges et dites-en toujours le moins possible (avec ces gens, « tout ce que vous direz sera retenu contre vous » !). Restez dans une posture de retrait poli.
  • Se définir ! Comme préalable à ce type de « repositionnement », un peu d’introspection permet de mettre au clair les valeurs auxquelles on est attaché, ce que l’on a envie de trouver dans la relation, ce que l’on n’est pas prêt à accepter… Cette cartographie mentale vous évitera d’être entraîné sur des chemins tortueux.

 

À partir de maintenant, on reste lucide

 

C’est toujours un peu délicat de faire des catégories, mais globalement on pourrait se référer à trois types de profils pour piloter et trier ses relations, afin de ne plus en pâtir :

 

  • Les « confidents » : ce sont les personnes qui vous aiment et vous accompagnent sur votre chemin de vie de façon inconditionnelle. Que vous tutoyiez les sommets ou que vous soyez au fond du gouffre, ces personnes vous sont invariablement fidèles… tout en restant fidèles à elles-mêmes. Si vous comptez deux ou trois de ces « soutenants » au cours d’une existence, c’est un privilège.
  • Les « commensaux » : ceux-là entrent dans nos vies quand se présente une convergence momentanée d’intérêts ou de circonstances. Contrairement à ce qu’on croit souvent, et malgré une entente parfois très réelle, ils ne sont pas là « pour nous », mais par le résultat d’une équation dont nous ne sommes qu’une des variables. Dans la poursuite de ce résultat, ils peuvent aussi bien se montrer neutres, bienveillants ou malveillants. Il peut s’agir d’un collègue, d’un proche voire du conjoint, et cela peut parfois durer des années.
  • Les « parasites » : ces derniers se caractérisent par une absence totale de considération envers autrui, donc envers vous. Ils se servent de vous, se nourrissent de votre énergie, de votre valeur ajoutée, de votre capital social, ou vous utilisent pour se décharger. Vous devenez leur nectar ou leur poubelle émotionnelle, c’est selon. Si vous êtes « en dessous » d’eux, vous les rassurez sur leur propre condition. Si vous êtes « au-dessus » d’eux, vous leur servez de faire-valoir. Quoi qu’il en soit, ils sont à expulser au plus vite de votre cercle !

 

Certes, nous sommes loin ici des contes de fées et de princes charmants. Mais s’illusionner est le plus sûr moyen d’engendrer des relations qui, tôt ou tard, ont un impact négatif sur votre intégrité et votre santé. Alors restez vigilants…

 

 

 

Sources

 

 

 

1. “Social relationships and mortality risk : a meta-analytic review”, de Julianne Holt-Lunstad, Timothy B. Smith et J. Bradley Layton, dans Plos Medicine, juillet 2007.

 

2. “Loneliness : a disease ?”, de Sarvada Chandra Tiwari, dans Indian Journal of Psychiatry, décembre 2013.

 

3. “Stress and hormones”, de Salam Ranabir et K. Reetu, dans Indian Journal of Endocrinology and metabolism, mars 2011.

 

4. “Unfairness and health : evidence from the Withehall 2 study”, de Roberto De Vogli, Jane E. Ferrie, Tarani Chandola, Mika Kivimäki et Michael G. Marmot, dans Journal of Epidemiology & Community Health, juin 2007.

 

Merci Alternative Santé

 

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