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Vous aimez le chocolat ? Voici pourquoi vous avez bien raison !

 

Le chocolat est encore souvent considéré comme une gourmandise sucrée coupable. Eh bien ne culpabilisons plus, car les bénéfices santé du cacao vont bien au-delà de son apport en magnésium. Antioxydant, soutien du métabolisme, prévention du vieillissement cérébral, santé cardiovasculaire, humeur, anti-inflammatoire ou encore antidiabétique… Oui, vous ne rêvez pas, le cacao sait faire tout ça.

 

Le cacao, un « superfood » planétaire

Originaire d’Amérique du Sud où les Aztèques considéraient le cacaoyer comme un arbre de paradis, et ses fruits comme la nourriture des dieux, le cacao est aujourd’hui produit essentiellement par l’Afrique, à hauteur des trois quarts de la production mondiale. Le marché représente actuellement plus de 4,5 millions de tonnes, par an, qui font vivre près de 40 millions de personnes dans le monde .

Si le plus gros de cette production sert d’abord à des multinationales comme Kraft, Mars ou Nestlé, pour la fabrication de produits éloignés de toute préoccupation sanitaire ou simplement nutritionnelle, le cacao est pourtant un véritable super-aliment. À condition d’aller le chercher ailleurs que dans les confiseries dont regorge votre supermarché habituel…

Non, si on s’intéresse aux bienfaits du chocolat, c’est plutôt vars le cacao brut qu’il faut se tourner, puisque le « simple » fait de le torréfier lui enlève déjà près de 50 % de ses bénéfices potentiels pour la santé. Le cacao renferme près de 200 composés aux vertus quasimédicinales , depuis les flavonoïdes jusqu’aux minéraux et vitamines, en passant par la théobromine aux effets vasodilatateurs et cardiotoniques.

Pour mémoire, une portion de chocolat noir de 40 grammes contient entre 400 et 800 mg de polyphénols. Alors que seulement 10 grammes de poudre de cacao brut en contiennent environ 600 mg …

 

Les flavanols, des antioxydants tous azimuts

On est encore en train de découvrir les effets positifs du cacao sur la santé. Mais il semble que la catégorie principale de ses composants actifs soit celle des flavanols, un sous-groupe d’antioxydants de la grande famille des polyphénols, dont le cacao est particulièrement riche ; ils représentent entre 12 et 18 % du poids sec des fèves.

Ces flavanols sont assez bien assimilés, puisqu’on constate que leur concentration sanguine ainsi que celle de leurs dérivés métaboliques augmente dès 30 mn après l’ingestion, pour atteindre leur maximum entre deux et six heures après la prise. Leurs effets connus sont pour le moment principalement corrélés à leur capacité antioxydante , et rayonnent sur un grand nombre de processus métaboliques.

On attribue notamment aux flavanols un rôle protecteur vis-à-vis de l’oxydation des membranes cellulaires. Cette oxydation altère la fluidité et la perméabilité de la membrane, et condamne donc la cellule à moyen terme. Les flavanols contribuent à préserver l’intégrité et les fonctions de la membrane , pour une cellule « en bonne santé ».

Ces antioxydants sont aussi capables de chélater (capturer)  certains métaux tels le fer et le cuivre, initiateurs de réactions oxydatives intracellulaires qui peuvent aller, en bout de chaîne, jusqu’à causer des dégâts sur l’ADN. En plus de leur aptitude à réduire le stress oxydatif, les flavanols semblent également en mesure de limiter les processus inflammatoires en diminuant l’expression de nombreux médiateurs pro-inflammatoires.

Les effets cardioprotecteurs du cacao seraient imputables à l’action des flavanols sur différents leviers aboutissants à protéger et améliorer la santé des vaisseaux (en particulier la vasodilatation). Sur ce même registre, les polyphénols du cacao contribuent à réduire les triglycérides et LDL-cholestérol sanguins ainsi que l’hyperglycémie et la résistance à l’insuline, caractéristiques des situations de syndrome métabolique et du diabète.

 

Votre vue ou votre ouïe baissent ? Cacao !

Le cacao améliore tout ce qui repose sur la fonction nerveuse : cognition, ouïe, vue… Des tests sur la vision ont montré une amélioration de la sensibilité aux contrastes et au mouvement , avec des réactions cognitives assorties plus rapides. Les chercheurs pensent que ces progrès sont dus à un flux sanguin optimisé au niveau de la rétine comme du cerveau suite à l’ingestion de flavanols de cacao.

Une étude coréenne va dans le même sens, cette fois au niveau de l’ouïe ; la consommation régulière de chocolat s’est révélée protectrice de la perte auditive auprès d’une population de 40 à 64 ans, chez qui on notait également une moindre prévalence d'acouphènes. Il est probable, selon les chercheurs, que la clé réside notamment dans la protection de la cochlée (qui transforme les ondes sonores en signaux nerveux) contre l’ischémie, grâce aux vertus circulatoires des flavanols.

 

Sportif ? Cacao !

L’effort physique intense augmente fortement le niveau de stress oxydatif et cause souvent des blessures musculaires chez les sportifs . Une étude s’est intéressée à l’influence d’une consommation de chocolat sur ces paramètres auprès d’un groupe de joueurs de football de haut niveau. Ce public révélait préalablement à l’ingestion de chocolat un potentiel antioxydant moindre et un stress oxydatif supérieur à la population témoin.

Après 30 jours, le pouvoir antioxydant des joueurs ayant consommé quotidiennement du chocolat avait augmenté de façon significative, tandis que les marqueurs de dommages musculaires avaient diminué. Une autre étude se référant à des cyclistes a révélé qu’un apport journalier de 40 g de chocolat noir leur permettait de réduire leurs besoins en oxygène à rythme constant et de parcourir une distance supérieure sur un laps de temps déterminé.

 

Problèmes cardiovasculaires ? Cacao !

La clé de ces gains de performances se trouve peut-être dans l’amélioration de la fonction endothéliale, c’est-à-dire la souplesse des veines et des artères ; celles-ci devraient normalement se dilater en fonction de paramètres comme le rythme cardiaque et la pression sanguine. Mais pour une majorité de personnes, cette propriété est altérée assez rapidement au fil des années , principalement à cause d’une mauvaise hygiène de vie.

Le cacao, grâce à ses flavanols et épicatéchines, améliore cette fonction, mais aussi une autre non moins importante : la fluidité sanguine. En effet, plus le cacao est riche en flavanols, mieux il limite l’activation plaquettaire, donc le risque de formation d’un caillot. Les recherches indiquent que la consommation de cacao diminue les niveaux de leucotriènes favorisant l’agrégation plaquettaire et la vasoconstriction , tout en augmentant ceux de prostacycline, anti-agrégative et vasodilatatrice.

Le cacao favorise également la stabilité sanguine de l’oxyde nitrique, facteur primordial de relâchement de l’endothélium des vaisseaux sanguins, et par conséquent d’une circulation optimale. La richesse du cacao en antioxydants protège l’oxyde nitrique, très instable, d’une dégradation trop rapide, ce qui prolonge sa biodisponibilité.

 

Baisse de moral ? Cacao !

On aurait tendance à prendre la croyance selon laquelle le chocolat améliore le moral, comme une légende ne servant qu’à se donner bonne conscience devant notre gourmandise. Et pourtant, c’est une réalité. Ainsi, selon une étude australienne, certains aspects de l’humeur comme le calme et le contentement ont été sensiblement améliorés après 30 jours de consommation d’une boisson chocolatée riche en polyphénols (500 mg par prise).

Comment le cacao réalise-t-il cette prouesse ? Ce n’est pas encore tout à fait clair, mais il semble qu’une fraction des antioxydants du cacao induise une augmentation des niveaux d’endorphines (ces opioïdes naturels qui procurent une sensation de bien-être) et de sérotonine (dont la carence conduit aux états dépressifs).

 

La grande déprime des pays producteurs

Difficile de faire l’éloge du cacao et de passer sous silence la crise qui secoue justement le secteur en ce moment : la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui représentent à eux seuls les deux tiers de la production mondiale, ont récemment décidé de geler les ventes à terme de cacao jusqu’à ce que traders et transformateurs acceptent de payer un prix plancher.

En effet, les plus de 2 millions de cultivateurs de cacao d’Afrique de l’Ouest (dont une recrudescence du nombre d’enfants) gagnent en moyenne moins de 50 centimes par jour, soit quatre fois moins que le seuil de pauvreté. Et pourtant, la société d’État ghanéenne Cocobod s’est vue obligée d’emprunter 200 millions de dollars à la Banque mondiale pour couvrir ses dépenses et assurer le revenu minimum de ses planteurs.

Si le marché mondial du chocolat pèse près de 100 milliards de dollars, la valeur de la production mondiale est de l’ordre de 10 milliards de dollars, et la part du cacao dans le prix des tablettes varie en moyenne entre 20 et 30 %. À ces ingrédients, il faut ajouter la fragilité du cacaoyer face aux aléas climatiques, les crises politiques locales comme la guerre civile en Côté d’Ivoire ou encore l’opacité qui règne au sein même des filières nationales jusqu’à l’étape de l’exportation. Autant de facteurs qui ne plaident pas pour une stabilisation de la situation…

 

Bien choisir son cacao

Pour profiter pleinement de tout ce que le cacao peut offrir en termes de bienfaits pour la santé, il faut qu’il soit cru , et aussi pur que possible. La torréfaction, l’adjonction de lait, de sucre (a fortiori de sirop de glucose-fructose) et tous les autres process industriels mis en œuvre pour garnir les rayons des supermarchés font en sorte que le produit final se limite souvent à un apport de calories.

Depuis quelques années, le commerce équitable gagne du terrain dans les pays producteurs. Obligeant à respecter des normes environnementales, assurant un revenu décent aux producteurs, et interdisant tout travail des enfants, il approvisionne des filières différentes de celles dominées par les mastodontes agroalimentaires, et dont on peut trouver les produits originaux dans la plupart des magasins bio. Histoire de redécouvrir le cacao…

 

Références :

« Cocoa flavanols: natural agents with attenuating effects on metabolic syndrome risk factors », Nutrients, Mars 2019.

« Association of chocolate consumption with hearing loss and tinnitus in middle-aged people based on the Korean National Health and Nutrition Examination Survey 2012-2013 », Nutrients, Mars 2019.

« Dark chocolate intake positively modulates redox status and markers of muscular damage in elite football athletes: a randomized controlled study », Oxidative Medicine and Cellular Longevity, Novembre 2018.

« The acute effects of cocoa flavanols on temporal and spatial attention », Psychopharmacology, Mai 2018.

« Mood components in cocoa and chocolate: the mood pyramid », Planta Medica, 2018.

« Cocoa and dark chocolate polyphenols: from biology to clinical applications », Frontiers in Immunology, 2017.

«Effect of cocoa on blood pressure », Cochrane Databas Syt Rev, Avril 2017.

« Enhancing human cognition with cocoa flavonoids » Frontiers in Nutrition, Mai 2017.

« Cocoa flavanol intake and biomarkers for cardiometabolic health : a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials », The Journal of Nutrition, Novembre 2016.

« Effects of chocolate-based products intake on blood glucose, insulin and ghrelin levels and on satiety in young people : a cross-over experimental study », International Journal of Food Science and Nutrition, Novembre 2018.

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